Les ciels sont trop changeants pour qu’on s’y accroche, alors nous cueillons des bouquets de jonquilles, parce qu’elles ont éclos cette année, qu’elles nous rassurent, que nous pouvons croire que tout va bien, puisque les jonquilles éclosent. Nos veines se remplissent de soleil et nous sentons nos désirs fourrager sous nos peaux, et puis soudain le vague à l’âme, ça tremblote, ça hésite, on pourrait rentrer sous terre, renoncer à toute aventure. Parce qu’il y a de la menace dans l’air, oui, il y a de la menace dans l’air. Et nous n’y pouvons rien.
Dans une ère marquée par l’ambiguïté, passer en un éclair d’une humeur primesautière à la plus profonde des gravités n’est pas faire preuve d’inconstance.
Alors nous irons trouver la beauté ailleurs, Corinne Morel Darleux
En ce début de printemps 2025, je vous invite à accueillir vos changements d’humeur, vos gravités et vos légèretés, vos rêves de beauté et vos sombres inquiétudes. Nous écrirons ensemble ce mouvement du printemps hésitant, nous transformerons les ombres pour « trouver la beauté ailleurs », accompagnés du très beau texte de Corinne Morel Darleux mais également de l’énergie des adolescents, de la complexité du flamenco, de Penelope Cruz, d’Hania Rani, de Christine Van Acker, de Timoteo Sergoï et des fleurs qui ont éclos au moment où vous participez à cet atelier d’écriture.
L'atelier est en accès libre sur ce site mais vous pouvez soutenir mon travail, je propose une contribution de 12 €. Ce tarif me semble correspondre assez justement aux frais liés à la gestion du site et au temps de travail réalisé.
Il est possible de contribuer en cliquant ici.
Merci.
Écrire et partager : Petit manuel à lire si vous n'avez jamais participé
La Sévillane
J’ai eu la chance cette semaine d’accompagner une classe de secondaire durant une journée de découvertes autour de Charleroi, cette classe accueillait des élèves espagnols via le programme Erasmus+. Grâce à l’intelligence et la bienveillance des enseignant·es, à la solidarité des jeunes, leur soif de rencontres et leur curiosité, j’ai eu envie de croire en la puissance de l’enseignement et surtout en la puissance de la jeunesse. Le journée s’est clôturée sur une démonstration de danse sévillane improvisée, les élèves de Séville étant tous d’excellents danseurs et d’excellentes danseuses. La lenteur et la perfection des gestes réalisés, le contact assuré entre les partenaires et les mouvements d’approche et de recul m’ont fascinée. Je vous poste ma vidéo très amatrice qui ne rend absolument pas compte du moment mais vous donne, je l’espère, l’envie de découvrir la danse sévillane et surtout vous relie à cette joie profonde, puissante et instinctive de la jeunesse.
Et je vous invite à écrire ces différents moments de la Sévillane, à me suivre dans cet atelier d’écriture porté par ces mouvements venus d’Espagne, portés par la beauté du désir.
Paseillos
- Allez à la rencontre de quelqu’un, quelque chose : Qu’est-ce qui vous attire ces jours-ci? Qui vous attire? Vers quelle destination avez-vous envie de diriger vos pas, vos mains, vos gestes?
- Réalisez un collage intuitif (le mien ouvre cet article), saisissez-vous de magazines, de fleurs séchées, de bouts de ficelle, découpez, déchirez, collez et laissez-vous inspirer par les images et les mots récoltés avec l’intention d’aller vers ce qui vous anime.
- Êtes-vous sûr·e de votre envie, qu’est-ce qui vous fait douter de la justesse de cette direction? Comment le sentez-vous dans votre corps? Racontez ce désir, ce mouvements d’hésitation, de doute, ces préliminaires à l’action.
- Faites une liste de mots aériens.
- Écrivez, utilisez ces mots aériens. Il y a du désir dans l’air…
Pasadas
- Trouvez l’assurance dans votre corps, plantez vos pieds dans le sol, dirigez vous dans la direction envisagée, choisissez. Décrivez vos pas, vos gestes, votre force, votre détermination.
- Regardez cette extrait du film « Volver » et trouvez l’assurance et la fragilité de Penelope Cruz dans vos gestes, dans votre voix.
- Laissez-vous inspirer par ces mots de la chanson : revenir/sentir/vivre
- Faites aussi une liste de mots terrestres.
- Utilisez ces mots terrestres dans votre texte.
Careos
- Qu’est-ce qui vous empêche? Qu’est-ce qui vous empêche de sourire, être en joie, vous féliciter ou vous réjouir de ce désir neuf? Quels sont les obstacles? Les obstacles intérieurs et extérieurs. Exprimez votre colère, votre rage, votre désespoir aussi. Cherchez votre danse intérieure.
- Faites une liste de mots brûlants.
- Laissez-vous porter par la musique d’Hania Rani et la puissance de la danse et de la montagne.
- Écrivez cette partie de votre texte à la deuxième personne du singulier : adressez-vous à vous-même.
Remate
- Laissez exploser votre beauté, votre puissance. Vous êtes à votre juste place. Vous pouvez éclore et créer la lumière dans un jardin, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, qu’il fasse soleil éblouissant, pleine lune ou éclipse.
- Écoutez ce podcast de Christine Van Acker avec Timoteo Sergoï. Prenez ce temps, je vous assure que vous ne le regretterez pas. (Écoutez au moins le poème d’Aurélien Dony au tout début) Prenez le temps. Regardez par la fenêtre. Perdez-vous en vous-même et revenez.
- Faites une liste de mots aquatiques, de mots qui coulent, qui dérivent, qui pleuvent.
- Inspirez-vous de ces mots qui se sont déposés entre vos mains, écrivez sans discontinuer. Et puis, réécrivez. Vous pouvez cette fois, écrire à la première personne du pluriel, écrivez avec les autres vivants en vous, tous les autres vivants et leurs complexités.
- Devenez semeurs de poèmes : « Je ne suis qu’un humain, morceau de chair posé sur la pensée d’un grand imaginaire ». (Timoteo Sergoï)
Danser
Si vous m’avez suivie jusqu’ici, vous avez écrit 4 textes. Ces textes fonctionnent peut-être séparément mais je vous invite à tenter de les relier et à écrire votre danse sévillane, vos mouvements d’avancées, de reculs, de désir, de doute, de colère, de beauté, bref, votre éclosion.
Reliez ces textes, reprenez certaines parties, ou la totalité, collez, découpez, nouez. Et lisez-vous. Votre poème est puissance.
Merci de m’avoir suivie, d’avoir dansé avec moi en ce printemps étrange, comme tant d’autres, merci pour votre confiance. Postez votre texte sur le groupe Facebook si vous désirez le partager avec d’autres, réagissez aux poèmes sur le groupe, commentez, relions-nous.